Jénova a écrit :
C’est vrai que la notion de culture ne se limite pas à Homo sapiens. Du coup, si on considère que certaines formes de culture existaient déjà chez les australopithèques ou d’autres espèces humaines, peut-on dire qu’il y avait déjà une différenciation “ethnique” ou “culturelle” entre ces groupes ? Ou est-ce qu’il faut attendre Homo sapiens pour parler de vraies cultures humaines distinctes ?
C'est une question très compliquée et dont la réponse est plus philosophique que scientifique.
En fait, on est loin de connaitre parfaitement les cultures anciennes, on ne connait que quelques éléments qui ont survécu jusqu'à nous. On ne sait rien de leur utilisation de matières autres que la pierre, par exemple. On note parfois des différences dans la manière de travailler la pierre. Mais ces différences sont-elles culturelles ou plus technologiques ? On n'a pas la même force en fonction de la longueur de nos membres, par exemple, à musculature "égale".
On constate qu'il existe des différences culturelles entre divers groupes d'animaux. C'est différences jouent parfois un rôle dans la survie d'un groupe en lui permettant de mieux survivre. Prenons un exemple simple : pas mal d'oiseaux mangent des noix. Ils ont développé au fil du temps 4 méthodes différentes pour percer la coquille et accéder à la partie comestible de ce fruit. La première est d'utiliser la force de leur bec. C'est le cas du
pic épeiche.
Mais pour les oiseaux qui n'ont pas un bec suffisamment robuste ? Il y a des méthodes "culturelles". La seconde méthode utilisée est de laisser tomber la noix de haut sur une surface dure, provoquant l'éclatement de la coque. Mais voler haut requiert de l'énergie, et on risque de se faire voler la partie comestible du fruit par des voleurs opportunistes. Des corbeaux ont compris que les véhicules automobiles peuvent les aider. Il suffit de déposer les noix sur les routes et d'attendre qu'un véhicule passe. Il existe une dernière méthode. Enterrer la noix en terre humide, ce qui ramollit la coquille. Il faut donc être capable de se souvenir d'où on a enterré les noix quelques semaines après...
Autre point important, découvert, à leurs dépends, par les ethnologues du XIXème siècle. Il part d'un constat simple : 100% des ethnologues qui ont survécu dans des environnements extrêmes l'ont été car ils ont été secourus par les autochtones. En fait, survivre dans certains environnement suppose une connaissance du milieu et de ses ressources. Donc, aussi une connaissance sur la manière d'exploiter ses ressources. Savoir manger des noix est inutile si on n'a pas de noyer à sa disposition. Sur un territoire, il faut donc savoir où se trouvent les noyers, et quand on doit aller récolter les noix. On peut parler de "culture" pour cet ensemble de connaissances.
Donc, la survie en période glaciaire, impose de maîtriser finement la connaissance du milieu et des ressources. C'est aussi le cas pour d'autres milieux. A partir du moment où les groupes d'humains se sont répandus et qu'ils ont trouvé d'autres milieux, ils ont donc développé des cultures spécifiques leurs permettant de survivre dans ces milieux. Mais, ils ont aussi oublié leur culture initiale, donc ils ont perdu la capacité de survivre dans leur milieu originel.