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Message Publié : 09 Oct 2025 15:00 
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On sait que l’Homo sapiens vient d’Afrique, mais à partir de quand peut-on dire que les premières ethnies ou cultures africaines se sont formées ? Autrement dit, à quel moment les différents peuples du continent ont commencé à se différencier les uns des autres ?


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Message Publié : 09 Oct 2025 16:59 
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Jénova a écrit :
On sait que l’Homo sapiens vient d’Afrique, mais à partir de quand peut-on dire que les premières ethnies ou cultures africaines se sont formées ? Autrement dit, à quel moment les différents peuples du continent ont commencé à se différencier les uns des autres ?


Il est difficile de parler de ce dont on a aucunes traces. Mais, on peut extrapoler à partir de ce qu'on sait de nos cousins aux cerveaux moins développés. En fait, plusieurs éthologues ont montrés qu'il existe des cultures animales. Ce qui est le cas chez nos cousins chimpanzés et bonobos. Qui ont un volume endocrânien d'environ 400 cm3. Nos ancêtres australopithèques avaient un volume endocrânien de 400 à 550 cm3. On peut donc en déduire qu'il devait déjà y avoir des cultures dès les australopithèques, voire même avant.

Pour la différenciation, les techniques ADN ayant fait de gros progrès ces dernières décennies, on sait qu'il a existé de nombreuses sous-espèces apparues suite à des isolats dû à des variations du climat. En fait, la plupart des spécialistes actuels aiment bien dire que l'homme actuel est un métis issus de métis. Nous sommes le fruit de métissages multiples entre diverses sous-espèces ethnoculturelles. Certaines de ces sous-espèces nous ont laissés des fossiles identifiables. D'autres ne sont connues que par la présences de traces "fantômes" dans l'ADN de populations actuelles. Mais, il existe des fossiles dont la signature génétique est inédite dans les ADN actuels connus (puisqu'on n'a pas séquencé l'ADN de tous les individus vivants à l'époque actuelle).

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 11 Oct 2025 21:12 
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C’est vrai que la notion de culture ne se limite pas à Homo sapiens. Du coup, si on considère que certaines formes de culture existaient déjà chez les australopithèques ou d’autres espèces humaines, peut-on dire qu’il y avait déjà une différenciation “ethnique” ou “culturelle” entre ces groupes ? Ou est-ce qu’il faut attendre Homo sapiens pour parler de vraies cultures humaines distinctes ?


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Message Publié : 12 Oct 2025 12:00 
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Jénova a écrit :
C’est vrai que la notion de culture ne se limite pas à Homo sapiens. Du coup, si on considère que certaines formes de culture existaient déjà chez les australopithèques ou d’autres espèces humaines, peut-on dire qu’il y avait déjà une différenciation “ethnique” ou “culturelle” entre ces groupes ? Ou est-ce qu’il faut attendre Homo sapiens pour parler de vraies cultures humaines distinctes ?


C'est une question très compliquée et dont la réponse est plus philosophique que scientifique.

En fait, on est loin de connaitre parfaitement les cultures anciennes, on ne connait que quelques éléments qui ont survécu jusqu'à nous. On ne sait rien de leur utilisation de matières autres que la pierre, par exemple. On note parfois des différences dans la manière de travailler la pierre. Mais ces différences sont-elles culturelles ou plus technologiques ? On n'a pas la même force en fonction de la longueur de nos membres, par exemple, à musculature "égale".

On constate qu'il existe des différences culturelles entre divers groupes d'animaux. C'est différences jouent parfois un rôle dans la survie d'un groupe en lui permettant de mieux survivre. Prenons un exemple simple : pas mal d'oiseaux mangent des noix. Ils ont développé au fil du temps 4 méthodes différentes pour percer la coquille et accéder à la partie comestible de ce fruit. La première est d'utiliser la force de leur bec. C'est le cas du pic épeiche.

Image

Mais pour les oiseaux qui n'ont pas un bec suffisamment robuste ? Il y a des méthodes "culturelles". La seconde méthode utilisée est de laisser tomber la noix de haut sur une surface dure, provoquant l'éclatement de la coque. Mais voler haut requiert de l'énergie, et on risque de se faire voler la partie comestible du fruit par des voleurs opportunistes. Des corbeaux ont compris que les véhicules automobiles peuvent les aider. Il suffit de déposer les noix sur les routes et d'attendre qu'un véhicule passe. Il existe une dernière méthode. Enterrer la noix en terre humide, ce qui ramollit la coquille. Il faut donc être capable de se souvenir d'où on a enterré les noix quelques semaines après...

Autre point important, découvert, à leurs dépends, par les ethnologues du XIXème siècle. Il part d'un constat simple : 100% des ethnologues qui ont survécu dans des environnements extrêmes l'ont été car ils ont été secourus par les autochtones. En fait, survivre dans certains environnement suppose une connaissance du milieu et de ses ressources. Donc, aussi une connaissance sur la manière d'exploiter ses ressources. Savoir manger des noix est inutile si on n'a pas de noyer à sa disposition. Sur un territoire, il faut donc savoir où se trouvent les noyers, et quand on doit aller récolter les noix. On peut parler de "culture" pour cet ensemble de connaissances.

Donc, la survie en période glaciaire, impose de maîtriser finement la connaissance du milieu et des ressources. C'est aussi le cas pour d'autres milieux. A partir du moment où les groupes d'humains se sont répandus et qu'ils ont trouvé d'autres milieux, ils ont donc développé des cultures spécifiques leurs permettant de survivre dans ces milieux. Mais, ils ont aussi oublié leur culture initiale, donc ils ont perdu la capacité de survivre dans leur milieu originel.

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Message Publié : 13 Oct 2025 22:25 
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Narduccio a écrit :
Jénova a écrit :
C’est vrai que la notion de culture ne se limite pas à Homo sapiens. Du coup, si on considère que certaines formes de culture existaient déjà chez les australopithèques ou d’autres espèces humaines, peut-on dire qu’il y avait déjà une différenciation “ethnique” ou “culturelle” entre ces groupes ? Ou est-ce qu’il faut attendre Homo sapiens pour parler de vraies cultures humaines distinctes ?


C'est une question très compliquée et dont la réponse est plus philosophique que scientifique.

En fait, on est loin de connaitre parfaitement les cultures anciennes, on ne connait que quelques éléments qui ont survécu jusqu'à nous. On ne sait rien de leur utilisation de matières autres que la pierre, par exemple. On note parfois des différences dans la manière de travailler la pierre. Mais ces différences sont-elles culturelles ou plus technologiques ? On n'a pas la même force en fonction de la longueur de nos membres, par exemple, à musculature "égale".

On constate qu'il existe des différences culturelles entre divers groupes d'animaux. C'est différences jouent parfois un rôle dans la survie d'un groupe en lui permettant de mieux survivre. Prenons un exemple simple : pas mal d'oiseaux mangent des noix. Ils ont développé au fil du temps 4 méthodes différentes pour percer la coquille et accéder à la partie comestible de ce fruit. La première est d'utiliser la force de leur bec. C'est le cas du pic épeiche.

Image

Mais pour les oiseaux qui n'ont pas un bec suffisamment robuste ? Il y a des méthodes "culturelles". La seconde méthode utilisée est de laisser tomber la noix de haut sur une surface dure, provoquant l'éclatement de la coque. Mais voler haut requiert de l'énergie, et on risque de se faire voler la partie comestible du fruit par des voleurs opportunistes. Des corbeaux ont compris que les véhicules automobiles peuvent les aider. Il suffit de déposer les noix sur les routes et d'attendre qu'un véhicule passe. Il existe une dernière méthode. Enterrer la noix en terre humide, ce qui ramollit la coquille. Il faut donc être capable de se souvenir d'où on a enterré les noix quelques semaines après...

Autre point important, découvert, à leurs dépends, par les ethnologues du XIXème siècle. Il part d'un constat simple : 100% des ethnologues qui ont survécu dans des environnements extrêmes l'ont été car ils ont été secourus par les autochtones. En fait, survivre dans certains environnement suppose une connaissance du milieu et de ses ressources. Donc, aussi une connaissance sur la manière d'exploiter ses ressources. Savoir manger des noix est inutile si on n'a pas de noyer à sa disposition. Sur un territoire, il faut donc savoir où se trouvent les noyers, et quand on doit aller récolter les noix. On peut parler de "culture" pour cet ensemble de connaissances.

Donc, la survie en période glaciaire, impose de maîtriser finement la connaissance du milieu et des ressources. C'est aussi le cas pour d'autres milieux. A partir du moment où les groupes d'humains se sont répandus et qu'ils ont trouvé d'autres milieux, ils ont donc développé des cultures spécifiques leurs permettant de survivre dans ces milieux. Mais, ils ont aussi oublié leur culture initiale, donc ils ont perdu la capacité de survivre dans leur milieu originel.

Merci beaucoup pour votre message, c’était extrêmement enrichissant.
J’ai trouvé votre explication très claire, surtout sur le lien entre la survie, le milieu et l’émergence de la culture.
C’est une perspective que je n’avais pas envisagée et qui donne vraiment matière à réflexion.
Merci encore pour le partage de vos connaissances !


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Message Publié : 18 Oct 2025 12:18 
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Pour approfondir la question délicate de l'émergence humaine, je vous conseille 2 lectures.

Le propre de l'homme existe-t-il vraiment en éthologie.

Et un livre qui m'a servi de fondation dans la compréhension de tout cela :

Image

L'homme cet étrange animal... de Jean-François Dortier.

Historiquement, les premiers "préhistoriens" avaient définis 4 ou 5 critères pour définir l'homme. Il y avait la communication verbale, à l'époque on préférait dire que l'homme était le seul animal capable de parler. Au fur et à mesure de l'évolution des connaissances, on a introduit le concept de communication verbale, puis de communication verbale articulée... Actuellement, on arrive à comprendre certains "cris" d'animaux. Oh, c'est des langages très simples. Chez une espèces de petits singes, on a réussi à comprendre "attention, prédateur en haut", "attention, prédateur en bas"... La "grammaire" de sons simples permettant de différencier si le danger venait du sol ou des airs. Avec parfois un sentiment d'urgence si un certain son était répété plusieurs fois...

Il y avait aussi la station debout. Mais certains indices donnent à penser que les ancêtres des chimpanzés marchaient debout et que c'est l'évolution qui a sélectionné la démarche actuelle. Il y avait aussi le volume du cerveau. Mais, on s'est rendu compte que ce n'était pas aussi pertinent que cela car il faut prendre 2 critères en comptes. Le premier est le rapport entre la taille de l'animal et le volume crânien. Le second est l'organisation du cerveau qui à volume égal peut avoir une efficience différente. Et tout cela c'est sans tenir compte de ce qu'on pourrait nommer l'intelligence collective... Un groupe peut se révéler moyennement plus intelligent que la somme des intelligences des membres du groupe divisé par leur nombre...

Bref, la frontière entre humain et préhumain est devenue plus floue avec l'augmentation de nos connaissances. Mais, même au sein de la même espèce, il est compliqué d'avoir des avis tranchés. On peut considérer que l'homme de Cro-Magnon et nous appartenons à la même espèce. Mais, la différence entre eux et nous n'était-elle que culturelle ou, comme le proposent les paléo-neurologues qu'il faut tenir compte de l'évolution de notre cerveau qu'on peut entrevoir grâce aux moulages des endocrânes ?

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