jeudi 30 mars 2006, 19h43
De la cueillette à l'agriculture: la transition a été longue, selon une étude
PARIS (AFP) - La transition des sociétés humaines de la cueillette vers l'agriculture semble avoir été plus longue que ce que l'on imaginait jusqu'ici, selon une étude portant sur les premiers blés cultivés à paraître jeudi dans le magazine scientifique américain Science.
Les premières cultures de céréales dans le bassin fertile du Proche-Orient pourraient dater de 10.500 ans à 12.000 ans, mais il va falloir attendre un millénaire avant que le blé produit ne soit transformé en farine.
Pour arriver à cette conclusion, George Willcox du laboratoire Archéorient (CNRS/Université de Lyon 2) et Ken'ichi Tanno de l'institut japonais Research Institute for Humanity and Nature, ont étudié des vestiges carbonisés de vestiges de blé sur quatre sites archéologiques proche-orientaux.
Les deux scientifiques ont étudié près de 10.000 fragments, dont 10% se sont révélés utilisables. Ils ont également repris les données d'une étude ancienne portant sur deux autres sites, a précisé M. Willcox à l'AFP.
L'objectif était de déterminer la période pendant laquelle s'est effectuée la "domestication" du blé. L'épi de blé est composé de plusieurs épillets, recelant chacun un grain de blé. Chez le blé sauvage, cet épillet se détache très facilement pour favoriser la dissémination de la plante.
Mais un tel blé est difficilement moissonnable et transportable, puisque les graines tombent aisement sur le sol. Le blé domestique ne présente pas cet inconvénient et peut être facilement collecté, moulu et stocké. Il peut alors servir d'aliment de base dans des sociétés rurales structurées.
A partir des restes étudiés, les scientifiques ont pu déterminer qu'il y a 9.250 ans, les récoltes étaient essentiellement composées de blé sauvage, mais que des variétés domestiques étaient déjà présentes. Entre 9.250 ans et 7.500 ans, les variétés domestiques se renforcent progressivement, mais sont lentes à s'établir, les variétés sauvages restant encore compétitives.
"Cette lenteur implique que le blé sauvage a été cultivé longtemps sans être transformé", souligne le CNRS dans un communiqué.
L'étude porte sur le blé, car ses graines fossilisées peuvent franchir les millénaires, contrairement à d'autres cultures probablement pratiquées dans les premiers âges de l'humanité, comme les lentilles.
Lien internet :
http://fr.news.yahoo.com/30032006/202/d ... ongue.html