Voici quelques éléments pour brosser le portrait de l'Europe vers - 18.000.
Nous approchons de la fin du dernier maximum glaciaire ou "dernière apogée glaciaire" (DAG) (2004, Historia 692, 27) de la glaciation de Würm.
Le niveau marin est au plus bas (2000, Histoire de l’humanité – « De la préhistoire aux débuts de la civilisation », 481), de - 100 (1991, S&A 538, 35) à - 140 mètres (2000, Histoire de l’humanité – « De la préhistoire aux débuts de la civilisation », 675).
Les températures moyennes de la surface du globe sont de 6 à 12 °C inférieures à celles d'aujourd'hui et celle des mers, de 10 à 14 °C inférieures (1991, S&V HS 174, 34 ; 2002, Les Cahiers de Science & Vie 72, 90).
Les calottes glaciaires sont étendues au maximum (2002, Civilisations englouties – Découvertes et mystères, 93). Le globe compte 50 millions de km3 de glace supplémentaires (1991, S&A 530, 58). Un inlandsis de plusieurs km d’épaisseur recouvre le nord de l’Europe (2002, Les Cahiers de Science & Vie 72, 76).
Le climat du nord de la France ressemble à celui de la Sibérie actuelle (2006, 20 minutes 1066, 7). Les températures moyennes y sont de 10 à 15 °C (18/9/2003, Europe 1 9h00).
A la place de la mer Noire se trouve un immense lac d’eau douce, un peu plus grand que la France, alimenté par les grands fleuves de l’Europe de l’Est (Danube, Dniepr, Dniestr, Don) (2002, Les Cahiers de Science & Vie 72, 76).
La macrofaune européenne compte l'auroch, le bison (Wapiti 82, 21), le mégacéros (2002, S&V 1015, 91), le renne (2001, Quid 2002, 616a), le cheval, le loup, le machairodus (tigre à dents de sabre) (1990, S&V 877, 45/47), l'ours brun, le lièvre, le rhinocéros laineux (2002, S&V 1015, 91) et le célèbre mammouth laineux (Mammuthus primigenus, en France, en Ukraine...). Les derniers ours des cavernes disparaissent à jamais (2001, S&A 653, 27).
Les derniers néandertaliens ont disparu il y a peut-être 2.000 ans (1985, Le grand atlas de l’archéologie, 22).
Venu du Proche-Orient, l'homme moderne s'est intallé en Europe et occupe déjà :
- la Bulgarie (- 45.000, 2004, L’Histoire 293, 46),
- la France (- 40.000, 1982, Atlas de la préhistoire, 77),
- l'Espagne (- 38.000, 1991, S&V 882, 55),
- la Moravie (- 24.800, 1974, L’aventure humaine de la préhistoire, 61).
La phylogénétique laisse penser qu'il est passé par la Grèce et qu'il arrive en Espagne via le Sud des Alpes. Son groupe se répand dans toute l’Europe, pousse à l’Ouest jusqu’en France, au nord jusqu’en Grande-Bretagne. Lors de la dernière grande glaciation, la période qui nous concerne, ses descendants se replient sur la péninsule ibérique (2001, S&A 650, 58-59). [Note personnelle : la phylogénétique ne peut tracer que l'itinéraire des hommes d'alors ayant obtenu une descendance jusqu'à aujourd'hui.]
D'autres vagues de migrations d'hommes modernes se poursuivent depuis le Proche-Orient. Des "Gravettiens" sont ainsi parvenus en Europe il y 4.000 ans. Ils ont migré vers le nord il y 2.000 ans et retourneront vers le sud dans 2.000 ans. (2001, S&A 650, 60/63).
Des Gravettiens taillent des pointes de diverses forme en os et silex pour la chasse, sculptent des statuettes féminines ou graves des "vénus gravettiennes" sur des parois (2004, Historia 692, 24).
La phylogénétique stipule qu'une ancêtre d'actuels Basques, née du côté de Perpignan, va voir sa descendance se déployer jusqu’en Camargue. Ses descendants contourneront les Pyrénées, gagneront le pays Basque pour filer vers le nord-ouest (Scandinavie, Russie…) et atteindre l’Angleterre 6.000 ans plus tard. Son ADN mitochondrial est le plus répandu en Europe actuellement (2001, S&A 650, 58-59).
L'homme moderne avait déjà occupé quelques grottes célèbres (Arcy-sur-Cure, Chauvet, Gargas, Pech-Merle en France) et y pratique l'art pariétal depuis des milliers d'années.
En 18.000, il occupe la grotte de Lascaux où il laisse de nombreuses fresques, gravures et dessins (2001, S&V 1007, 41).
L'art et artisanat européen ont déjà fabriqué les objets suivants :
- vénus à chevelure recouverte d’une résille (France, - 21.000) (2002, S&A 668, 13) ;
- feuille de laurier solutréenne (France, - 20.000) (2003, Le Point 1610, 65) ;
- haut relief de femme dénudée (France, - 20.000) (2003, Historia 673, 70) ;
- habitation enfoncée de près de 3 m, formant une travée de 11,50 m de long sur 3 m de large (Ukraine, - 20.000) (1974, L’aventure humaine de la préhistoire, 76).
Présents en France et en Espagne, les "Solutréens récents" disparaissent de France vers 18.000 (1992, L’Histoire inhumaine – Massacres et génocides des origines à nos jours, 12) et perdureront en Espagne pendant 2.000 à 5.000 ans (1997, S&A 605, 46). Il s'agit de chasseurs de chevaux qui pratiquent un artisanat en os de cheval en France (2001, Quid 2002, 616a).
Ils sont remplacés par une nouvelle culture dite "magdalénienne" (2004, Historia 692, 27). En France, les Magdaléniens sont des chasseurs de rennes et pèche (harpon à pointe mobile). Durant les 8.000 à 13.000 prochaines années, ils utiliseront des pigments rouges et bleus, joueront de la musique (pipeaux) (2001, Quid 2002, 616a) et marqueront l'apogée de l'art pariétal (2004, Historia 692, 27).
En France, on grave des statuettes de femme (1974, L’aventure humaine de la préhistoire, 12), on creuse des sépultures (1997, La France préhistorique, 27).
Au Portugal, la pratique des gravures à ciel ouvert commence et durera trois millénaires (1995, S&A 576, 16 ; 2000, Histoire de l’humanité – « De la préhistoire aux débuts de la civilisation », 22).
En Russie, on sculpte des statuettes de bison en ivoire (16,4 cm de long, 10,4 cm de haut) (2002, S&A 668, 13).
En Ukraine, on construit des cabanes en restes de mammouth de 75 cm à 1,50 m de haut (1974, L’aventure humaine de la préhistoire, 75).
D'ici quelques années (en - 17.850), on gravera en France un os interprété comme étant un instrument arithmétique usant de propriétés des nombres 3, 5, 7 et 9 (1994, S&A 569, 74).
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