Corbeau blanc a écrit :
J'ai bien entammé la lecture du premier des sept tomes de l'Histoire de l'Humanité édité par l'UNESCO et consacré à la préhistoire. Je voudrais m'attardé plus particulièrement sur le chapitre 36, écrit en 1988, par Sigfried J. De Laet. L'auteur brosse ici les grands traits de l'histoire de l'humanité de la "révolution néolithique" aux premiers états. J'aimerais ainsi poser la question de la nature égalitaire des sociétés paléolithique que cet historien tient pour acquis.
En tentant de décrire l'organisation sociale des chasseurs-cueuilleurs du Paléolithique, il commence par nuancer ses propos en rappelant que ces derniers collaboraient entre eux au sein de groupes dépassant le cadre familial et que comme tous les animaux supérieurs, ils devaient être soumis aux instincts de territorialité et de hiérarchie. Ainsi, chaque groupe devait avoir son propre territoire et son proche chef (sans doute le guerrier le plus robuste), mais également son propre chaman. Il parle ensuite d'une organisation socio-économique semblable à ce que les anthropologues marxistes ont appelé le communisme primitif, c'est-à-dire pour reprendre les propos de Alain Testart une société sans classe ni exploitation dans laquelle le producteur s'approprie la totalité de son produit. Ces conceptions ont été basé sur le fait que dans de nombreuses sociétés de chasseurs-cueuilleurs ontemporaines, était pratiqué un partage égal de la nourriture.
Pour cet auteur c'est le passage à la production de nourriture ou néolithique qui mit progressivement fin au cycle de réciprocité des prédateurs remplacé par la concurrence égoïste pour posséder le plus de ressources possibles. C'est la naissance de la propriété (phase très bien détrite dans Engels).
J'ai trouvé cette interprétation très simpliste, sans nuance et peut-être trop inspirée des méthodes du marxisme pour un livre d'une aussi bonne qualité. Ainsi j'aimerais connaître votre avis, la société paléolithique était-elle une société égalitaire, sans classe et sans la domination de l'homme par l'homme? Ces sociétés exitent-elles vraiment parmi les chasseurs d'aujourd'hui comme le prétendent les sociologues marxistes?
De plus ces auteurs partent du postulat de la primauté de l'économie déterminant l'histoire. Ainsi ne pourrait-on pas parler d'autres formes de domination, autres que la domination économique?
En me relisant, j'ai remarqué que mes propos étaient plutôt flous. Je les ai donc réécrit (en retirant les fautes d'orthographe).
Les sociétés de la préhistoire sont-elles des sociétés égalitaires ?
J'ai bien entamé la lecture du premier des sept tomes de l'Histoire de l'Humanité édité par l'UNESCO et consacré à la préhistoire. Je voudrais m’attarder plus particulièrement sur le chapitre 36, écrit en 1988, par Sigfried J. De Laet. L'auteur brosse ici les grands traits de l'histoire de l'humanité de la "révolution néolithique" aux premiers états. Ce que j’aimerais ici souligner c’est que ce dernier tient pour acquis le caractère égalitaire des sociétés préhistoriques, caractère qui revient parmi les majorités des auteurs de l’ouvrage. Voici le résumé de son long article sur l’organisation sociale des premiers hommes :
Au Paléolithique, les chasseurs devaient collaborer entre eux au sein de groupes dépassant le cadre familial. Comme chez les animaux supérieurs, l’homme devait être soumis aux instincts de territorialité et de hiérarchie, chaque groupe devait probablement posséder son propre territoire de chasse et être guidé par un « chef » (sans doute le chasseur le plus robuste). A ses côtés, le « chaman » devait également exercer une fonction importante. Leur organisation sociale restait relativement simple et l’on a parlé à ce sujet de « communisme primitif » puisqu’ils partageaient égalitairement leur nourriture selon des parallèles ethnologiques.
On retrouve ici les vues de l’anthropologie marxiste qui voyant dans le communisme primitif, l’appropriation de la totalité du produit par le producteur, ce qui renvoyait à des sociétés de non exploitation, des sociétés sans classes. Cette notion a été reprise dans les années 1990 par Alain Testart au sujet des Aborigènes.
L’auteur aborde plus loin les conséquences du passage à la production de nourriture sur l’organisation sociale. Le Néolithique verrait ainsi s’accentuer progressivement la stratification sociale. Le chef devint le roi dont les pouvoirs prennent un caractère de plus en plus militaire et religieux et ses fonctions deviennent héréditaires, et le chaman devient le prêtre dont le pouvoir religieux se double de pouvoir séculier, économique et politique. De plus, le néolithique mis fin au cycle de réciprocité lié au partage égalitaire de la nourriture qui est remplacé par une concurrence égoïste pour posséder le plus de ressources possibles. C’est la naissance de la propriété. Cela a entraîné la guerre puis la formation d’une classe de guerriers chargés de défendre le village. Ces derniers étaient dirigés par le chef du village qui voyait ainsi ses pouvoirs augmenter. Ce dernier devait également faire respecter les règles liées à de nouveaux problèmes ; relation paysans/artisans spécialisés qu’il fallait rémunérer, les grands travaux collectifs. L’auteur s’étend ensuite sur la naissance de l’Etat.
La encore on retrouve certaines idées d’Engels.
Ainsi, les sociétés préhistoriques seraient des sociétés égalitaires comme le laisserait penser les sources archéologiques mais également les parallèles ethnographiques avec certaines sociétés de chasseurs-cueilleurs décrites comme non hiérarchique ou acéphale (ex. les Sans, les Pygmées). Avec la production de nourriture, la stratification sociale et la propriété feraient leur apparition.
Après avoir lu ce livre, j’ai trouvé les hypothèses de l’auteur assez simpliste (naïves) et très marqué par l’apport idéologique du marxisme. L’article datant de 1988 je souhaiterais savoir si vous connaissiez les nouvelles approches de la préhistoire concernant ce domaine, quels auteurs s’y sont penchés et votre avis sur le schémas évolutionnaiste.